Bibliographie contextuelle :
Riccardo Gennaioli, « Antonio Francesco Selvi » in Plasmato dal fuoco : la scultura in bronzo nella Firenze degli ultimi Medici, Florence, Sillabe, 2019, pp. 601-602.
Franceso Selvi est né à Florence où il est élève de Massimiliano Soldani-Benzi chez qui il travaille à partir de 1698. En 1729 il figure parmi les collaborateurs du sculpteur Montevarchi pour lequel il travaille au monument funéraire du grand maître de l’ordre de Malte : Antonio Manuel da Vilhena à la cathédrale de la Valette. C’est d’ailleurs la seule œuvre monumentale que nous lui connaissons. En effet, Selvi est plutôt reconnu pour son activité de médailliste qu’il mène en collaboration avec Soldani jusqu’en 1736, puis avec Bartolomeo Vaggelli jusqu’à sa mort. Sur quarante années, il réalisera près de deux cents modèles. Sa série la plus célèbre est celle des médailles médicéennes. Une première suite (uniface) est réalisée en 1723, coulée à très peu d’exemplaires, représentant des membres illustres de la famille Médicis puis à partir de 1737, avec Vaggelli, Selvi réalise une suite de 76 médailles (biface) dont se font écho les Novelle Letterarie en 1740. Cette suite représente tant des hommes et femmes de la famille Médicis que des personnages illustres. Notre médaille fait exactement partie de cette suite de 1740 et représente Côme de Médicis l’ancien. Selvi semble avoir réalisé ce portrait en s’inspirant d’une estampe par Jacques II de Gheyn, elle-même reprise d’une médaille de la Renaissance. Sur le revers de la médaille se trouvent trois anneaux enlacés accompagnés de la devise SEMPER qui composent les symboles de la famille Médicis : l’anneau orné du diamant inaltérable et l’enlacement des anneaux pour montrer la dynastie.
Notre médaille est reprise d’un modèle qui fut commandé à Benedetto Ramelli par François Ier, lors de son passage à Lyon en 1537. Ramelli, artiste originaire de Ferrare s’était installé en France où il travailla pour la Cour ainsi que pour les rois de Navarre à Pau (Cf. Vase en marbre incrusté d’argent, Pau, ca. 1550, Paris, Louvre).
Notre médaille pourrait être un tirage à la suite de celle de 1537, réalisée en or et conservée à Bibliothèque Nationale de France. On note qu’un exemplaire daté du XVIe siècle et uniface (comme le notre) existe dans les collections du Petit-Palais à Paris (inv. ODUT 1382). Enfin, un exemplaire légèrement plus grand (12.6 cm de diamètre) polychromé a été vu sur le marché de l’art à Lyon le 22 novembre 2014 (étude de Baecque).
Bibliographie : Cerboni-Baiardi, Anna (a cura di), Giovani Battista Nini, Da Urbino alle rive della Loira. Paesaggi e volti europei, Federico Motta editore, Milano, 2001.
D’abord élève de son père à Urbino, Nini alla très vite se perfectionner à Bologne, et remporta en 1735 un prix de sculpture à l’Academia Clementina. C’est de ses années bolonaises que datent les gravures de paysage que nous connaissons (les plus ambitieuses datant de 1740). Nini séjourna ensuite (mais on ignore combien de temps) à Vérone, et la seule œuvre connue de ce séjour est une gravure datée 1740. Il est par ailleurs attesté qu’il se trouvait à Madrid en 1747, travaillant pour la Real Fàbrica de Cristales. Il quittera l’Espagne en 1757, après deux ans de prison pour un délit d’hérésie, dont il fut finalement absout. Il décide alors de s’établir en France, et il est documenté dès 1758 à Paris, rue Saint Honoré. Il commença alors sa production de petits portraits, dont il rencontra les modèles dans certains salons parisiens. Il travailla également quelques années à la manufacture de La Charité-sur-Loire, fondée en 1756 par Michel Alcock , et qui devint manufacture royale en 1766 (manufacture de céramique et d’objets métalliques), où il continua à graver sur cristal.
C’est en 1771 que Nini portraiture l’homme qui détermina la suite de sa carrière : Jacques-Donatien Leray de Chaumont. Donatien Leray, fut de 1753 à 1763 Grand maître des Eaux et Forêts de France pour le département de Blois, Berry, Haut et Bas Vendômois, conseiller de Louis XV, intendant des Invalides de 1769 à 1776, et surtout habile entrepreneur : il avait ouvert une manufacture de peaux à Amboise, de toiles peintes à Paris, et une fabrique de cristaux, céramiques, et tuiles à Chaumont sur Loire, où en 1750 il avait acquis le château et les terres attenantes. La rencontre avec Nini, qui eut lieu certainement avant 1771, fut déterminante pour l’essor de cette dernière entreprise, et l’artiste s’installa à partir (et définitivement) de 1772.
Les médaillons de Nini, qui ont pour modèles les souverains, aristocrates, courtisans, hommes du temps (Franklin), ou simples bourgeois et élégantes, devaient – une fois pendus au mur – avoir la même valeur qu’un portrait peint. Souvent, ne pouvant approcher son modèle, Nini a recours au portrait gravé (notamment ceux de Cochin), ou a la médaille (pour les portraits de souverains). Outre les images des rois et reines, ou des personnalités en vue (Caylus, Franklin, Voltaire), les modèles de Nini appartiennent à des mondes très différents, gravitant autour de la Cour, ou rencontrés plus tard à Chaumont. Malheureusement, beaucoup des modèles de ces médaillons restent anonymes, faute d’inscriptions les identifiant.
Le modèle du médaillon ici présenté peut être identifié car il en existe plusieurs versions en terre cuite titrées « L’AMIRANDE MAR-QUISE DE VAUDREUIL » . Il s’agit donc de Marie-Claire-Françoise Guyot de la Mirande, qui épousa à Saint-Domingue le 12 juin 1732 le sixième fils du marquis de Vaudreuil, Joseph-Hyacinthe de Rigaud de Vaudreuil, et qui mourut à Paris le 20 avril 1776 (précisons ici qu’aucun des commentateurs de l’œuvre ne donne sa date de naissance). Notre médaillon est généralement daté du milieu des années 1770, peu avant la mort du modèle.
Il convient de signaler ici que les bronzes de J-B Nini sont rares, et de récentes recherches scientifiques portent à croire que lors de son séjour à la Manufacture royale de La-Charité-sur-Loire, ses ouvriers étant très habiles dans la fonte du métal, il aurait pu donner des modèles pour en faire réaliser des fontes. Notre médaillon serait ainsi un rare témoin de cette collaboration toute particulière.
Bibliographie comparative :
Hill, George Francis, and Graham Pollard. Renaissance Medals from the Samuel H. Kress Collection at the National Gallery of Art. London, 1967, no. 527.
Pollard, John Graham. Renaissance Medals. The Collections of the National Gallery of Art Systematic Catalogue. 2 vols. Washington, 2007, t. 2, no. 601.
Si l’invention de la médaille est communément donnée au peintre italien Pisanello vers 1439 avec la fonte de la médaille en bronze au profil de Jean VIII Paléologue, la première médaille française est lyonnaise et représente Louis XII et Anne de Bretagne. Cette médaille est modelée par Nicolas Leclerc et Jean de Saint-Priest sur un dessin de Jean Perréal. Elle est ensuite fondue par Jean Lepère pendant l’année 1499. Cette médaille fondue en or a été commandée par la ville de Lyon pour être offerte au roi Louis XII et son épouse la reine Anne lors de leur entrée solennelle le 15 mars 1500 dans la ville. Elle fut ensuite tirée en bronze (et bronze doré) dont plusieurs exemplaires sont conservés dans différentes institutions en France et dans le monde. Le cabinet des médailles du musée des Beaux-arts de Lyon conserve un exemplaire en bronze (fig. 1) tandis que la National Gallery of art de Washington conserve un exemplaire en bronze et un autre en bronze doré (respectivement inv. 1957.14.1122 a et inv. 1949.9.158 a).
Bibliographie comparative :
Ingrid Weber, Deutsche, Niederländische und Französische Renaissanceplaketten : 1500 – 1650, Munich, Bruckmann, 1975, pp. 410-412, cat. 1041.2.
Cette plaquette en bronze doré est issue d’une suite de douze œuvres représentant des saints : saint Sébastien, sainte Madeleine, saint Antoine de Padoue, saint Dominique…. Habituellement dotée d’une bélière dans sa partie supérieure, la notre aura sans doute été limée à une autre époque. Ingrid Weber sur l’idée de d’Edmund Wilhem Braun, historien d’art allemand reprend l’idée que cette suite a été réalisée en Espagne au tout début du XVIIe siècle. Selon leurs études, l’iconographie des différents serait typique de la péninsule hispanique.
Notre plaquette connaît plusieurs exemplaires : Louvre (OA 9197) ou encore New-York, Metropolitan museum (coll. Robert Lehmann, inv. 1975.1.1359).
Bibliographie comparative :
Malgouyres, Philippe, De Filarete à Riccio. Bronzes italiens de la Renaissance (1430-1550). La collection du Musée du Louvre, Paris, Louvre Editions ; Mare & Martin, 2020, p. 299, n° 89
C’est à Galeazzo Mondella qu’il convient de donner cette œuvre représentant une Crucifixion. Mondella, d’origine véronaise est notamment connu pour la réalisation de nombreuses plaquettes. Il est qualifié de « Moderno » en opposition à Jacopo Bonacolsi, son contemporain mantouan, qui est qualifié « d’Antico ».
Plusieurs exemplaires de notre plaquette sont connus mais avec des finitions complètement différentes. Celle du musée du Louvre (OA 2418) est en bronze doré, celle du musée du Bargello (inv 417 c) est à patine noire. De ce même modèle de plaquette il existe deux variantes : avec et sans le cadre mouluré, faisant de notre œuvre la version dite « A » comprenant ce délicat cadre mouluré qui resserre la scène de crucifixion.
Bibliographie comparative :
Ingrid Weber, Deutsche, Niederländische und Französische Renaissanceplaketten : 1500 – 1650, Munich, Bruckmann, 1975, pp. 412, cat. 1042.
Par comparaison avec une autre suite de plaquettes représentant des saints personnages, Ingrid Weber attribue à un atelier espagnol cette plaquette ; sans toutefois la rattacher à la suite en question à cause des inscriptions sur cette plaque contrairement aux autres de la suite. Saint Jean Baptiste est représenté avec l’ensemble de ses attributs : la peau de bête, la croix et l’étendard et l’agnus dei. Cette représentation est sûrement dérivée d’une estampe espagnole dont nous n’avons pas repéré la source. D’autres tirages de cette plaquette existent en collections publiques, notamment à New-York Metropolitan Museum, inv. 32.64.50.